29 octobre 2010

Amore

Il y a une chose qui me frappe sur ce blog: nous n'avons jamais parlé d'amour.
Jusqu'ici nous n'avons évoqué le sujet que de manière désincarnée, comme un sentiment évanescent et un peu honteux alors que nous en attendons la pureté, la perfection ou l'absolu. Pourtant il a été vécu, ce sont des histoires réelles, il y a des hommes, des amants, des cœurs vraiment brisés, des peines pas assez pleurées. Il a été exaltant, intense, ouvrant des territoires inconnus, balayant comme l'ouragan des constructions de certitudes.
Malgré tout, c'est comme si nous nous retranchions derrière des sous-entendus pour éviter d'avouer le manque qu'il creuse en nous. Mon dernier amoureux m'a fait souffrir. Tous les jours quelque chose me rappelle son absence, son refus, mon dépit. Je pourrais le nier ou trouver normal de n'être pas aimée, mais il est peut-être temps d'accepter ma tristesse.
Découvrir un amour gratuit, dégagé des contraintes familiales et des obligations filiales, relève encore pour moi du miracle. Comme s'il n'était pas naturel, ou que je n'étais pas digne, d'être aimée pour ce que je suis, et non pour ma place dans le processus de reproduction.
Et pourtant cet amour-là existe, celui d'un homme qui aime son semblable, si étranger, si différent, si nécessaire, sans d'autre raison que l'amour lui-même. Ceci est une incantation à l'amour, pour qu'il nous recouvre de sa tendresse.

Joies du jeudi #42

* Goûter la délicieuse cuisine de la délicieuse Yohanne Seroussi, dans son merveilleux appartement, et chanter avec elle Les feuilles mortes et Nature Boy. Quelle voix d'or, quelle expressivité… et quelle collection de chaussures !!

* Découvrir lors de son inauguration la nouvelle boutique transparente Ideo. Y dénicher des trésors (dont une petite chose que j'étrenne aujourd'hui, youpi).

* Aller voir The Social Network sur un coup de tête. Parler réseaux sociaux avec Dominique des éditions Diatineo.

* Manger du bœuf froid fondant comme un matin d'avril. Acheter des quenelles de luxe chez Giraudet. Faire découvrir le Palais des Sultans à mes collègues, une merveilleuse pâtisserie / salon de thé dans le 19ème, où j'espère bien avoir l'occasion d'entraîner d'autres gens que j'aime.

* Écouter Chris Garneau, les premiers albums d'XTC, Nina Hagen et des chansons douces de Black Sabbath.



* Mettre de l'ordre. Prendre un plaisir non dissimulé à ma nouvelle routine, qui m'a déjà permis de jeter deux vieux carnets. Faire des rêves étranges et velus avec de la salade dedans.

* Me replonger, le temps d'un thé vert, dans une ambiance japonaise avec un ami qui m'a montré ses time lapses de Ueno et m'a fait découvrir Moriyama.

* Créer un mega cheerleader effect à moi toute seule, à une pendaison de crémaillère à thème US.

* Faire du théâtre. Préparer une tarte auvergnate et une pizza à la tomate verte pour mes camarades de troupe. Trouver que tout le monde est beau sous la bienveillante lumière du Spoken Word Paris. Trinquer avec David Barnes.

* Avoir une très intéressante conversation informelle avec quelqu'un que j'avais rencontré dans un processus de recrutement. M'instruire sur l'histoire des métiers du livre en écoutant les souvenirs de M.Auger.

* Prévoir un super vide-dressing le lundi 8 novembre à la boutique Ideo. Recevoir plein de compliments sur mon élégance. Avoir des idées folles et savoir qu'un jour elles germeront.

27 octobre 2010

Stratégies d'ajustement émotionnel, de T.S. Eliot à Rainbow Brite

J'ai brassé tant de pensées aujourd'hui, de questions, entre introspection, appels à l'aide et simple débordement émotionnel. Tout cela serait assez difficile à résumer et quelque peu hors de propos, mais il reste une question que j'ai envie de partager avec vous :

que faire de l'émotion ?

De l'émotion douloureuse s'entend. A quoi sert cette douleur, qui n'est pas encore physique sans être tout à fait mentale, le mal de ce qu'on appelle le cœur ? On sait que la douleur physique, si elle peut être combattue ou accompagnée, est un signal d'alarme précieux. Ceux qui ne ressentent pas la douleur vivent rarement vieux... Mais la peine ? est-elle un signal d'alarme, comme une jauge qui nous avertit d'un manque de carburant affectif, ou d'un dysfonctionnement sur lequel il nous est peut-être possible d'agir ?

Cela vous paraît peut-être évident, pour moi c'est un problème avec lequel j'ai beaucoup jonglé, sans y avoir trouvé de réponse qui tombe sous le sens. Faut-il fuir la peine, la vivre à fond, en chercher les causes, la transcender ?

...s'accorder une bonne décharge émotionnelle, pour se purger...



...ou intellectualiser...



...ou se métamorphoser en Blandine arc-en-ciel, se réinventer comme expression de pur amour universel...

“You have to give to the world the thing that you want the most, in order to fix the broken parts inside you.”

- Eve Ensler

"We try so hard to snare the perfect lover when we should focus on simply being love. "

- Gala Darling

26 octobre 2010

La journée où les trains ne partaient pas

A toute chose malheur est bon, m'écrivait tout à l'heure la douce Olivia, camarade indéfectible de mon été festif. Prise par l'énergie méchante d'un enfant qui casse ses jouets, j'ai répondu à ses tentatives de consolation que non, la sensibilité n'était pas un cadeau, même si elle ouvre la voie à la création, elle n'est qu'un handicap - et la création qu'un pis-aller.

Je ne suis pas loin de le penser pour de bon, mais je n'aurais pas éprouvé le besoin de l'écrire sèchement à quelqu'un d'aussi gentil et bien intentionné si je n'avais pas été toute la journée d'une humeur épouvantable. Mes moments de pire renfrognement sont souvent des moments où je me sens coupable ou vulnérable, ou les deux. Si je m'aperçois que les événements ont bel et bien prise sur moi, par exemple, que je suis peinée plus qu'il n'est souhaitable parce que quelque chose dont je me faisais une joie n'aura pas lieu, ou du moins pas aussi tôt que je ne pensais… je vois cela comme une faiblesse et je réagis comme un chat blessé… Une autre amie me disait l'an dernier qu'il fallait que j'apprenne à gérer la frustration ; il y a de ça. Je ne fais pas partie des gens qui courent pour avoir le métro qui arrive à quai, mais bien souvent je laisse mon imagination courir devant moi, au devant de ce qui pourrait advenir, en bien ou en mal. J'ai décidé il y a peu d'introduire dans ma façon de voir un changement radical de paradigme, en acceptant d'imaginer plutôt la réussite que l'échec (en rupture avec la philosophie de préparer le terrain à l'échec que je partageais avec Tomatias) - mais je me sens toujours mal armée face à la déception, si elle survient.

La vérité, je pense, est qu'il est tout simplement possible de ne pas être déçu. De même que je ne suis pas déçue si le métro part sans moi, parce que je sais bien qu'il y en a un autre 1 minute 30 plus tard (et quand bien même il ne viendrait que dans un quart d'heure, il n'y a pas de quoi fouetter un chat), je pourrais lâcher prise sur la joie imaginée, parce que je sais bien qu'il y a d'autres joies, d'une autre nature peut-être, à prendre dans l'ici et maintenant, et d'autres encore dans l'instant d'après. Et cette joie imaginée viendra bien, de son pas à elle, au rythme qui lui plaira, et ce sera une belle surprise.

Oui, c'est un lapin. C'est dans le thème.

Palimpseste

Mes saisons sont peuplées de fantômes. L'approche de Noël m'entoure d'effluves anglaises, les lacs sont recouverts des souvenirs de balades. La chaleur de l'été me rappelle des grillades espagnoles, et ma veste en cuir est encore cousue des pluies londoniennes.

Les sentiments s'accrochent et se cachent dans les plus petits détails, se révèlent sous la caresse d'une écharpe ou dans la saveur d'un fruit. Même les tournants du périph' abritent des peines et des souvenirs.



Mais ce sont de gentils fantômes. Ils m'entourent et me rappellent mon passé. Je ne regrette pas de connaître le goût des mince pies, et même si les crumpets me manquent, au moins je sais qu'elles existent.


D'autres souvenirs prendront la place, se mélangeront et donneront une saveur unique. Notre vie est faite de couches successives, superposées, une oeuvre originale, à la manière d'un palimpseste.

Le prochain est aussi bien ton sauveur

De quel silence venons-nous, pour que la parole échangée soit de tant de prix.
De quelle solitude, pour que la rencontre prunelle à prunelle soit un trésor
ultime et limpide miracle, pain de l'alliance.

22 octobre 2010

Joies du jeudi #41




* Être réveillée par les Beatles. Découvrir un concept album de Neil Hannon et Thomas Walsh. Être conviée par une copine de lycée au concert de Midlake (mais pas que) le 4 novembre.

* Découvrir avec certains une connexion étonnante, forte, précieuse. Parler de Deepak Chopra, de l'Univers et de tout un tas de choses simples, personnelles. La vie comme elle va, trésor réinventé par le partage.

* Essayer de chouettes jeux des éditions Le Joueur, en la plaisante compagnie de leur créateur, au Coin du jeu. Parler affaires avec le Ludomancien. Me promettre une boîte de Dixit en auto-cadeau de Noël (ça pourrait être une bonne motivation pour accomplir mon prochain défi-d'un-mois…).

* Découvrir les belles créations de GM Diffraction. Manger des temaki, de la mozzarella terrible avec ds tomates bicolores, des brocolis sautés et des rillettes de lapin. Retrouver le plaisir de l'échange de carnets.

* Passer une journée entière chez moi sans mettre le nez dehors (brrr), pelotonnée dans un gros sweat-shirt moelleux, à finaliser mes articles pour Shi-zen, sur La Source et Ideo (à retrouver dans le numéro de décembre !). Parler coaching, polyamour, bd érotique, et rhum arrangé avec MM aka le convive universel.

* Me gorger de bonne humeur en voyant la pièce Doit-on le dire au théâtre du Nord-Ouest

20 octobre 2010

Sur la descente à reculons

"On dirait qu'il se passe des choses dans la constellation d'Anaïs", m'interrogeait ce matin ma co-bloggeuse préférée. A vrai dire oui, pour être honnête, vous me trouvez ici en plein accès de bizarrerie, entre survoltage, jeux symboliques et tension émotionnelle. L'univers me fait des blagues, tout un tas de petites blagues de détail, et j'ai décidé d'en rire quoi qu'il arrive, de jouer avec lui.
Vous allez encore me prendre pour une astro-freak mais je me dis que cette bizarrerie impromptue n'est rien de moins que l'ordre des choses et que, vaille que vaille, je fais partie de cet ordre et je danse sur cette barcarolle.

A moins que ça ne soit une rumba ?

Je ne manque pas cette occasion de partager avec vous cet extrait de la Chanson du Mal Aimé d'Apollinaire, un de mes poèmes préférés, qui colle si bien à cette ambiance de Vénus Rétrograde :


Voie lactée ô sœur lumineuse
Des blancs ruisseaux de Chanaan
Et des corps blancs des amoureuses
Nageurs morts suivrons-nous d'ahan
Ton cours vers d'autres nébuleuses


Les démons du hasard selon
Le chant du firmament nous mènent
A sons perdus leurs violons
Font danser notre race humaine
Sur la descente à reculons


Destins destins impénétrables
Rois secoués par la folie
Et ces grelottantes étoiles
De fausses femmes dans vos lits
Aux déserts que l'histoire accable


Luitpold le vieux prince régent
Tuteur de deux royautés folles
Sanglote-t-il en y songeant
Quand vacillent les lucioles
Mouches dorées de la Saint-Jean


Près d'un château sans châtelaine
La barque aux barcarols chantants
Sur un lac blanc et sous l'haleine
Des vents qui tremblent au printemps
Voguait cygne mourant sirène


Un jour le roi dans l'eau d'argent
Se noya puis la bouche ouverte
Il s'en revint en surnageant
Sur la rive dormir inerte
Face tournée au ciel changeant


Juin ton soleil ardente lyre
Brûle mes doigts endoloris
Triste et mélodieux délire
J'erre à travers mon beau Paris
Sans avoir le cœur d'y mourir


Les dimanches s'y éternisent
Et les orgues de Barbarie
Y sanglotent dans les cours grises
Les fleurs aux balcons de Paris
Penchent comme la tour de Pise


Soirs de Paris ivres du gin
Flambant de l'électricité
Les tramways feux verts sur l'échine
Musiquent au long des portées
De rails leur folie de machines


Les cafés gonflés de fumée
Crient tout l'amour de leurs tziganes
De tous leurs siphons enrhumés
De leurs garçons vêtus d'un pagne
Vers toi toi que j'ai tant aimée


Moi qui sais des lais pour les reines
Les complaintes de mes années
Des hymnes d'esclave aux murènes
La romance du mal aimé
Et des chansons pour les sirènes




On en reparle après le 18 novembre. Ou pourquoi pas en 2011.

18 octobre 2010

The cosmic deli

Je ne résiste pas à la tentation de partager avec vous cet extrait du Love & Sequins #9 de la nonpareille Gala Darling, consacré à la loi de l'attraction universelle [mieux vaut lire Love & Sequins que regarder cette vidéo mais j'avoue ça m'a fait rire] :

" Think of the universe as a big cosmic ordering system.

It can help to think about manifesting or quantum physics as like placing an order in a restaurant. A restaurant with a really huge menu! I like to picture it as an intergalactic diner. You pull up a chair in this restaurant which is whizzing around in space. It has big windows & you can see the stars, planets & solar systems all around you. The waitress --an alien with lots of eyes & many tentacles, but wearing an apron -- hands you a menu. It's a massive menu, one of those huge plastic jobs with pictures & bright colours, laminated so it can be wiped clean in case you spill food on it. There are lots of other people in this restaurant, too. A Frank Sinatra type. An Indian deity or two. Three accountants sitting at a booth. A hotelier. Richard Branson. You look back at the menu, & think about what you want. You summon the waitress. "I'd like a loving, fun & passionate relationship, please", you say. "Anything else?", she asks, disinterested. "Lots of media coverage. My own clothing line. A really fun-loving & caring group of friends. A trip to Disneyland every year. & a Corvette." She writes it all down, then says, "You wanna soda?" "Yeah, sure. A Sprite. Thanks." She walks into the kitchen & starts barking orders. & what do you do? You sit & wait. YOU SIT. & WAIT. You don't worry that the "food" is never coming. You don't worry that it's "not working". You can see them working away in the kitchen, & while it may take them some time, you know that eventually, it will be delivered to you. This is how it is in the real world too. You have to be patient. While you may not be able to see into the intergalactic kitchen, you will see small signs that what you've ordered is on its way. You have to pay attention to the celestial cues & cosmic clues. Sera Beak calls these "divine winks". Sera Beak knows her shit! "

PS : ça marche

16 octobre 2010

Recette

Envoyez à l'univers votre joie, votre enthousiasme, vos chansons

Laissez germer

En attendant, étirez-vous et souriez

Recevez

Rendez grâce

Envoyez à l'univers votre joie, votre enthousiasme, vos chansons


(j'assume)

14 octobre 2010

Joies du jeudi #40

* Mélanger les genres et les mondes, en emmenant mon frère boire de la vodka aux épices au Boukhara.

* Assurer la permanence à l'AMAP de la Butte, et discuter en sortant avec Corinne Callois de l'association J'veux du soleil, qui organise de magnifiques ventes de créateurs à la boutique du Bon Coin. J'ai pu y découvrir les créations de Clothilde Ménard et Lunalou.

* Profiter de mon quartier sous un soleil inespéré. Manger des haricots japonais. Aller faire gouzi-gouzi à mon petit neveu tout neuf. M'habiller en rouge vif.

* Répéter dans un parc porte de Bagnolet. Ramasser des marrons d'Inde. Boire du thé. Partager des textes de poésie avec des amis très enthousiastes. Retrouver la proactivité (comme on dit en novlangue) de l'inénarrable Guillaume Villon.

* Apprendre que la mission de mes collègues préférées était prolongée d'un mois.

* Comprendre comment on peut fantasmer sur Antonio Banderas (en fait, il est tout simplement mieux maintenant qu'il y a dix ans).

* Recevoir plein de compliments.

* Boire de la Pelforth en parlant chiffons dans le très bel appartement d'une amie avenue Junot.

* Avoir droit à deux heures de coaching inespéré de la part de mon ami M.M. aka le Convive Universel. Résultat : je vous en reparle dans un mois ! D'ici-là vous aurez l'occasion de me lire également sur twitter et tumblr. Bonne lecture !

Wanted

Il me manque
des collègues pour penser
un ami pour parler
un amour pour rêver


mercedem

"I want to learn more and more to see as beautiful what is necessary in things; then I shall be one of those who make things beautiful. Amor fati: let that be my love henceforth! I do not want to wage war against what is ugly. I do not want to accuse; I do not even want to accuse those who accuse. Looking away shall be my only negation. And all in all and on the whole: some day I wish to be only a Yes-sayer."

F. Nietzsche, The Gay Science


"Examinons enfin, de la même manière, un mot très usuel, merci, que l’Académie définit par miséricorde. Il est certain que merci vient du latin mercedem, signifiant proprement salaire, puis faveur, grâce. Si l’on passe en revue les anciens textes, on voit qu’il n’en est pas un à l’interprétation duquel grâce, faveur ne suffise ; ainsi la dérivation de la signification latine est expliquée. La dérivation de la signification française s’explique en remarquant que le sens de faveur, de grâce, s’est particularisé en cette faveur, cette grâce qui épargne ; d’où l’on voit tout de suite en quoi merci diffère de miséricorde, qui renferme l’idée de misère. On disait jadis la Dieu merci, la vostre merci, et cela signifiait par la grâce de Dieu, par votre grâce ; de là le sens de remerciement qu’a reçu merci. Mais comment, dans ce passage, est-il devenu masculin contre l’usage et l’étymologie ? Il y avait la locution très usuelle grand merci, dans laquelle, suivant l’ancienne règle des adjectifs, grand était au féminin ; le seizième siècle se méprit, il regarda grand comme masculin, ce qui fit croire que merci l’était aussi."

Emile Littré, préface à son Dictionnaire

12 octobre 2010

Il faut couler couler de source

Quand je regarde autour de moi, j'ai l'impression que l'année 2010 a été pour nombre de mes amis une année d'importantes réalisations. Certes, l'année n'est pas finie. Mais déjà, que de nouvelles ! Des couples qui se forment, des changements de vie, des rêves qui trouvent leur issue dans le réel, des révélations. J'en discutais samedi avec une amie impressionnante qui me semble toujours avoir une bonne longueur d'avance sur moi en termes d'accomplissement personnel : il y a de quoi se sentir intimidée, voire vaguement larguée.

D'autant plus que si je compare ma vie en octobre 2010 à ma vie en octobre 2009, je ne vois pas de changement majeur.
Sauf peut-être que l'Anaïs 2.0 qui faisait ses premiers pas il y a un an marche aujourd'hui avec légèreté.
Que j'ai appris entre temps que j'ai le droit de faire ce que je veux, et seulement cela, si tel est mon bon plaisir.
Que le temps de tenter de faire plaisir à des entités surmoi-esques plus ou moins indéterminées est révolu.
Et que peut-être il n'y a pas besoin de se crisper sur ses questions pour faire les bons choix, mais simplement de suivre le conseil que murmure une une rivière dans une chanson de Florian Lacour :

Il faut couler, couler de Source...
Et si un Rocher bloque ta course
Il faut l’sauter, ou le contourner,
Ou le percer...
Ça coule de Source!



(via Les Derniers Trouvères)

8 octobre 2010

En attendant d'être sauvée

Un jour dans un test de personnalité la conclusion était que "j'attendais d'être sauvée". Au premier abord pour les personnes qui me connaissent, cette remarque peut sembler incongrue. Je sais qu'on pense généralement que je suis active, dynamique, entreprenante et fleissig, concept intraduisible mais dont je serai visiblement l'incarnation.
Pour moi ce test est plein de vérité.


Il m'est arrivée des choses vraiment étranges cette année, des choses que je n'aurais pas cru possibles si je n'en avais été l'actrice principale. Je n'ai pas encore réussi à déterminer les conséquences ou le message derrière ces événements, mais ils ont renforcé mon côté fataliste. Il s'agit souvent d'économiser ses forces: pourquoi se mettre en colère quand le conducteur devant ne vous entend pas? Pourquoi s'énerver quand il n'y a rien à faire? Pourquoi se battre pour des cacahuètes quand les employeurs, les gens, les relations sont souvent versatiles et imprévisibles.

Pourtant je sais que les petites choses peuvent avoir de grands effets, et qu'on est toujours acteur de sa propre vie. Certes, il y a des impondérables qui nous tombent dessus, mais on a le choix de la réaction ; la vie est un théâtre d'improvisation mais le casting est toujours bien pensé.



Peut-être que j'ai l'impression, à tort ou à raison, de m'être beaucoup battue ces dernières années. Et d'avoir, pendant longtemps, essayé de sauver les autres. Alors désormais j'attends, dans un bizarre come-back de mon catéchisme catholique, d'être sauvée en retour. Cette attitude passive semble être lâche ou inconsciente, et je sais qu'elle ne peut pas durer. Mais pour quelques temps, pendant que
la lune renaît, j'attends avec patience mon sauveur sur son cheval blanc.

Joies du jeudi #39


* Mon neveu-issu-de-germain, Raphaël, 51cm, 3.77kgs, né sous le signe de la Balance avec quelques jours d'avance. Je ne l'ai pas encore vu mais ce petit ange-là a déjà toute une place dans mon cœur.

* Le même jour, mes retrouvailles avec Estelle, ma meilleure amie d'enfance, perdue de vue à peu de choses près depuis dix ans. Des retrouvailles improbables, à la maison des familles de l'hôpital Necker, à discuter dans la cuisine commune jusqu'à 1h du matin… Les choses reprennent leur place, la vie donne, reprend, redonne les affections et les richesses. Il reste tout un avenir à vivre.

* Profiter des agréables restaurants du 19ème : le Café Caché du 104, le Bastringue… et du calme du quartier, sous la pluie ou le soleil joli.

* Voir encore de nouvelles têtes à la réunion de la Compagnie, et sentir une belle énergie chez tous pour les projets de la saison 2010-2011.

* Passer du temps fort apaisant à faire des paquets pour swap-bot et en profiter pour remettre le nez dans des recoins (boîtes et tiroirs) de mon appartement laissés trop longtemps inexplorés.

* Dormir un peu trop tard, prendre soin de ma petite personne, me convertir au layering.

* Passer un samedi d'une coolitude parfaite, entre bonnes adresses de la rue des Dames, mélanges étranges d'amis, rencontres improbables, et merveilleux concert de Fihn Razhel au Kibélé. La très bonne nouvelle, c'est qu'ils ont sorti un album.

6 octobre 2010

Solitudine


La solitude est une amie trompeuse. On a beau s'en méfier, au bout d'un moment elle sait se rendre indispensable. J'aime bien la différence que fait la langue allemande entre
allein et einsam. Je peux être allein (seule) sans me sentir seule (einsam). Parce que ma solitude me tient désormais compagnie.
Elle est là, toujours autour de moi. Elle est au petit soin, m'entoure d'un cocon protecteur. Au bout d'un moment, elle se place entre moi et les gens, comme un sas. Le silence est son mode d'expression, le calme est son activité.

Mais depuis quelques temps je me demande si d'avoir atteint la paix dans ce mode de relation n'est pas dangereux. Il est bien de pouvoir s'occuper avec soi-même et je me réjouie que l'ennui ne fasse plus partie de mon existence ; mais j'ai peur d'avoir passé tellement de temps seule que le retour à la vie en société sera presque impossible.


Autant on peut penser sous les poncifs que notre monde va trop vite, que nous sommes trop dépendants des autres et que les relations sociales sont devenues un cache-misère de notre vide intérieur, autant l'absence de relation n'est pas une solution non plus. Comme le hasard me fait des clins d'oeil en ce moment, il a mis sur mon chemin le parcours de Xavier Rosset et ses 300 jours passés seul sur une île déserte. D'une manière extrême, il a expérimenté la solitude et la perte de repère, et son
corollaire le plus effrayant: l'absence de discussion, avec les questions qui restent sans réponse. Nous avons besoin des autres pour penser, pour apprendre, pour découvrir des choses nouvelles.

Il faut voir notre vie comme un pèlerinage: en réalité, le temps pour rassembler notre paquetage intérieur est assez court. Mais on a besoin des autres pour avancer.

Pour moi aussi arrive le temps de me remettre en route.

5 octobre 2010

Via combusta

La lune meurt et s'apprête à renaître. Sa lumière déclinante charrie des pensées de mort, d'éreintement, de fleurs fanées. Les feuilles d'aulne roulent sur la chaussée que mouille une petite pluie sans entrain. C'est le moment de clore les vieux livres, dénouer les vieux procès, pardonner. Jeter, vider, épurer. Faire place nette pour ce qui s'érige.

La lune mourante nous dit que l'on a le droit d'être fatigué, de dormir une heure de plus et de ne pas avoir envie de sortir. Il y a d'autres temps pour la création, le franchissement de frontières inédites, la mise au défi de sa propre vie. On peut attendre le printemps pour ça, ou la nouvelle lune. Là quoi qu'on en dise, ça ne sonne pas juste : on en a envie, on sait qu'un nouvel élan est nécessaire mais le bond n'est pas dans ses jambes, et l'on reste assis.


Avec la nouvelle lune se lèvera l'expression de la beauté. Dans ses rayons blancs on dansera comme jamais, on écrira des scènes fulgurantes pour la grande œuvre dramatique de l'année, on composera des mélodies à faire pleurer les anges du firmament.
Les rêves baignés par sa candeur, sur un oreiller de lait, joueront au tric-trac avec les vieilles amours.

C'est le moment, dit-on, de voir si ses valeurs sont en accord avec le chemin qui conduit au plus haut de soi-mêmes et à son bonheur. C'est le moment de gagner en clairvoyance sur ses schémas relationnels, retrouver ses trésors enterrés et ses squelettes dans le placard.

4 octobre 2010

Economie de la connaissance

En faisant du rangement chez moi hier (on m'avait fait remarquer il y a quelques années que je donnais l'impression de passer ma vie à faire du rangement, ce qui paraissait d'autant plus fou qu'à l'époque je vivais dans 15m² et dans un désordre assez conséquent), je me suis aperçue que l'encombrement matériel n'était qu'une petite partie de mon problème. Je ne peux pas m'en sortir purement en donnant toutes mes affaires sur Freecycle, parce que le nœud gordien qu'il m'appartient de trancher est celui de la gestion de la mémoire et de l'information.

Qu'est-ce qui prend le plus de place chez moi ? (à part mes vêtements, hum)

Des carnets, des documents de formation, des albums photo, des livres, des images découpées dans des magazines. De la paperasse, dont une bonne partie de souvenirs ou de choses conservées "pour mémoire". Qu'en faire ?

Je suis intimement convaincue qu'il n'y a qu'une seule gestion de l'information digne de ce nom, qui est de savoir les choses par cœur. J'ai lutté avec ce problème à peu près depuis que je suis scolarisée. Je prends des notes sur quasiment tout ce que je lis, j'ai systématiquement un carnet sur moi (depuis mes 14 ans), je documente mon quotidien, je garde des traces et je vis avec l'exigence de savoir. C'est une injonction cruelle pour quelqu'un qui a une mémoire de râpe à fromage. Et tout ça pour quoi, au juste? Je ne suis pas sûre d'aimer le savoir pour lui-même, en revanche je l'aime comme lien et accès aux autres. C'est pour cela que de plus en plus je réponds à l'engorgement de la libido sciendi par le partage : faire circuler l'information, la mettre en ligne ici ou ailleurs. Partager est d'ailleurs le meilleur moyen que j'aie trouvé pour mémoriser les choses (utiliser tout de suite un nouveau mot que je viens d'apprendre, raconter une nouvelle blague…).

Après, reste le problème des informations qui bénéficient d'une présomption d'utilité. Les bonnes adresses par exemple, "trucs et astuces" et autres coordonnées. Là, l'intérêt d'une bonne classification systématique se fait sentir. Et dès qu'une information est obsolète, la dégager.

Enfin il y a ce qui relève purement de la muséographie personnelle, supports de rêverie nostalgique ou symboles concrets du lien demeurant avec un autre soi, le soi d'hier. J'ai même des heures de films reprenant des moments forts de plusieurs années de ma vie, jamais montés.

Je ne désespère pas d'un jour venir à bout de tout cela, en commençant par me débarrasser de l'urgence de tout noter, en utilisant le plus tôt possible les informations qui me parviennent (en Last In First Out) et en faisant un tri radical dans tout ce que j'ai pu accumuler jusqu'à présent.

J'y crois.

Quant à mes albums photo….


*


Je clos ce billet en vous engageant à lire celui de Danielle Laporte sur La loi de la chaise moche. On reste dans le thème.

Et résurrections à l'aurore

Il faudrait se coucher tôt le dimanche soir. Parce qu'une fois que la nuit est installée, on se trouve nu face à la mélancolie de la fin de semaine.

La beauté qui broie le cœur.
Le sentiment aussi d'avoir perdu sa vie dans les détails, dans le dérisoire de notes marginales.

Je n'arrive pas à avoir de la peine pour mon passé, je suis juste prise à la gorge par l'urgence de vivre bien. Comment fait-on pour entrer dans l'œil de son cyclone, être au plus près du tremblement de son essentiel ? Paralysée de rêverie, je laisse mes jours filer comme un refrain entre mes dents. Le temps a tant passé et qu'ai-je fait, moi qui ne sais même plus aujourd'hui pleurer mes morts.

Peut-être y a-t-il quelque part dans le columbarium du Père Lachaise, ou les feuilles mortes sur les contre-allées de mon enfance, ou la folie d'un musicien perdu de vue, une part de mon propre secret qui m'échappe, et que je devrais manger, comme le gâteau d'Alice en son pays des merveilles, pour grandir.

La nuit dernière je rêvais de ma bibliothèque, habitée de toute une collection de livres de métaphysique que je regardais avec appétit. Derrière ces couvertures argentées comme les J'ai Lu de science-fiction, dormaient des manuels pratique d'accès aux clés de l'univers. Tout allait être clair, ce n'était qu'une question de travail.


2 octobre 2010

Merci samedi #1

Je voudrais essayer de lancer cette habitude, faire le bilan d'une semaine et un souhait réalisable pour la semaine à venir.

Alors merci à cette semaine pour:
-m'avoir permis de tourner la page. C'est comme si un poids énorme était parti. Soulagement intense.
-être de retour chez moi et aimer ça
-avoir des nouvelles d'amis lointains, ça fait du bien
-m'enchanter de l'automne

Pour la semaine à venir je me souhaite:
-du travail.


1 octobre 2010

These are a few of my favorite things

J'aime :

Le scat. L'insouciance. La mémoire des corps. Les fontaines au centre des patios. Les adjectifs. Les langues étrangères. Les eurasiens. La vodka au melon. Les chaussures de pin-up. L'esthétique polaroid romantique-rock de la blogosphère. L'humour geek. La tension érotique. Le lassi à la rose. Le cocktails originaux. Le cresson. Les petits carnets très fins. Les poussins et les canetons. Le bruit d'un éventail qu'on replie. Le liberty avec une dominante rouge. Les balançoires. L'orthographe. Les oranges pressées. Les œufs à la coque. Les blocs de post-it. Les poils. Les piscines avec un bar dedans. Les soirées à thème. Les peaux hâlées. Les plats à la citronnelle. Les gros hortensias qui hésitent entre le vert et le rose. Les poignets. Rêvasser au lit le matin. Lynyrd Skynyrd. Les gens simples. Les gens qui ont un univers mystérieux. Les Matins de France Culture. Les potagers. Les grenats. Les petites hélices multicolores aux balcons. Les seins. Les graines. Le chant d'un ruisseau de montagne. Le Brillat-Savarin. Les montres à quartz. Le kathakali. Les fleurs d'hibiscus rubescentes derrière les oreilles des Balinais torse nu. Les bulles de savon. Les plantes grasses. Les mandarines corses. Les machines à écrire. Les amis qui vous prennent dans leurs bras. Les jouets en bois. Les boîtes à casse-croûte en fer blanc. Les cabinets Renaissance. Les taches de soleil sur les façades. Savoir que l'on peut changer. Danser. L'herbe-à-fées. Les glissements. Le musc. Avoir le droit. Les étirements. Le bouillon de poule. Avoir fait ce que l'on avait à faire. La poésie. Traduire. Le bruit des feuilles mortes. Les marrons d'Inde. Le velours côtelé. Tumblr. La bière ambrée. Héberger des amis. Les fougères. Recevoir du courrier dans une belle enveloppe en papier gaufré. Me déguiser. L'improbable. Le rami. Regarder les gens dans le métro. Les petits enfants noirs. L'odeur de la feuille de figuier. Le gras du jambon cru. La glace qui commence à fondre. Découvrir un nouvel appartement. Ouvrir une surprise. Les petites joues qui remontent quand on sourit. Les couleurs vives. Le raifort. L'Allemagne. Les hauts tournesols. Les bulbes qui commencent à germer. Les billes nacrées. La mozzarella di buffala. La force physique. Marcher. L'odeur de la terre humide. Les huîtres. Les jupes de tennis. Les grains de beauté. Le teck. La vie. Les drapeaux arc-en-ciel. Les chaussures salomé. La rapidité du ragga muffin. M'asseoir en lotus. La confiture de rose avec de vrais pétales dedans. Les zéliges. Les adjectifs. La coriandre. L'air bête des paons. Une grande tasse de café le matin. Les boîtes en carton. Les diamants jonquille. Les petites comédies hollywoodiennes d'autrefois. Les motifs de cerises. La laque. La jolie lingerie. L'attendrissement. La rythmique punk-rock. Les chaussures jaunes. Les pots à crayons. Le verre filigrané. Les perfectos. Le beurre demi-sel sur du pain frais. L'odeur de l'enduit frais. Les accents. Les coups de foudre amicaux. Entraîner les gens dans mon sillage. Les tutus. Les feuilles de ginkgo. Allumer mon brûle-parfum. Borobudur. Les vestes cintrées. Le foie gras. Le fenouil cru. Le pamplemousse. Marcher sur la pointe des pieds. Coller des pétales sur sa peau nue. Recevoir des compliments. Les petits crayons de couleur. Les chaussures qui donnent l'impression qu'on a de petits pieds. Les girolles. Les claviers. La photo. Dormir, rêver peut-être.