10 novembre 2011

Out of Neverland


" Tous les enfants, sauf un, grandissent. "
- JM Barrie

Enfant, j'ai beaucoup lu ; j'ai pris l'habitude d'étendre ma vie présente par toutes ces vies parallèles qui m'étaient données dans les romans. A travers ces personnages de papier, j'étais adulte déjà. Entre mon existence concrète et quotidienne et toutes les vies additionnelles offertes par la littérature ou le cinéma, les niveaux de réalité étaient brouillés. 

 
Quelque chose m'est resté de cette époque sans doute : la croyance confuse que la vie d'adulte reste à venir, ou qu'elle s'attrape dans les livres. Je travaille de toutes mes forces à accepter l'idée que le moment est venu de prendre ma vie à bras-le-corps, et qu'aucun narrateur ne sera là pour l'écrire, aucun, sinon moi.

Je pense à ce film curieux et très drôle, Des nouvelles du Bon Dieu, où des égarés aux noms de héros littéraires cherchent à rencontrer leur auteur, pour qu'il retouche le piteux cours de leur vie…

Le moment est venu de vivre ma vie ...et de peut-être écrire celles des autres, celles que le temps qui m'est alloué et le hasard divin ne m'autoriseront pas à expérimenter dans ma chair.
 


Rêver est une activité d'enfant ; vivre ses rêves est une activité d'adulte, car elle passe inévitablement par le fait d'assumer la pleine responsabilité de sa vie, c'est-à-dire de ce qui a pu nous arriver par le passé comme de ce qui pourra nous arriver à l'avenir…et du présent.

9 novembre 2011

Whatever

“Whatever the present moment contains, accept it as if you had chosen it.” 
~Eckhart Tolle

Hamlet dit que rien en soi n'est bon ni mauvais, c'est la pensée qui donne aux choses leur valeur et leur polarité.
Quoi qu'il arrive, ce sera bien.
Il n'y a pas de mauvaises herbes.

8 novembre 2011

(petit) livre des changements


A quoi reconnaît-on que l'on change ?  
Ce peut être quand certains comportements qui nous étaient habituels causent un écoeurement parfois diffus, parfois net.
 
Premier exemple :
Je ne supporte plus de me voir réagir au quart de tour à une remarque blessante, ou tout autre comportement ressenti comme une agression. Dans la majorité des cas, je suis frappée (et freinée) par le fait que l'autre n'avait pas réellement la volonté de me blesser, mais qu'il exprimait un manque ou une souffrance de son côté.
Si malgré tout je laisse échapper une réaction épidermique, je me sens gênée non pas parce que c'est "mal", mais parce que c'est inutile. Répondre par un message désagréable à un message désagréable est une dépense d'énergie d'autant plus vaine qu'elle ne défoule même pas vraiment sur le moment. Inversement, une écoute attentive aux besoins de l'autre comme aux siens peut apaiser miraculeusement.




Deuxième exemple :
L'autre soir, je suis passée dans la maison de mes parents, où j'ai entreposé la majeure partie de mes affaires en attendant de pouvoir emménager. Des meubles, des cartons, des sacs… sans lesquels j'ai très bien vécu depuis deux mois. Il n'y a dans le tas qu'une ou deux choses qui m'ont manqué, paradoxalement les plus futiles : des éléments de déguisements - à moins que ce soit précisément ce que je possède de plus sérieux et essentiel… Surtout, j'ai été prise face à cet entassement d'une impérieuse envie de fuir, ou de me débarrasser de ce fatras pour m'en tenir au volume de possessions avec lequel j'ai estimé que je pouvais vivre de manière "temporaire". C'est déjà beaucoup en fait, et largement suffisant pour s'installer dans ce "temporaire". Autant dire que je sais désormais avec certitude que je peux me sentir chez moi et à mon aise sans être dans l'accumulation.


Troisième exemple :
A mon dernier passage gare St Lazare, je suis tombée dans un piège qui m'aspire avec une belle régularité depuis dix ans que j'ai de l'argent à dépenser : acheter plus ou moins compulsivement des objets censément "utiles" (en l'occurrence, des collants) et censément "soldés" sur un stand temporaire en pleine gare. La somme n'était pas importante, mais je crois que j'ai envie de jouer le jeu de ne pas me procurer de nouvel objet dont j'ai déjà suffisamment d'exemplaires à ma disposition. J'ai été dégoûtée d'avoir triché à mes propres règles, comme si je m'étais flouée d'un plaisir attendu. Étonnant, non ?


7 novembre 2011

Ce dont on ne peut parler, il faut le taire

"Lorsqu'on commence à parler du Tao, ce n'est déjà plus le Tao."   
- Pierre Mayol


  "A partir du moment où on essaye d'analyser ou d'expliquer une chose,
on perd l'essence même de la chose.
Et la vie elle-même est au-delà de toute définition,
il suffit simplement de l'éprouver et de la vivre." 

- Jacques Mayol (plongeur en apnée, "l'homme-dauphin")

6 novembre 2011

Clémence

Il y a tant de choses que j'ai envie de faire mieux, ou plus souvent, jusqu'à parvenir à un sentiment d'accomplissement. Chanter, dessiner, écrire, danser, ce qui m'est essentiel mais que je tends à oublier (comme un joueur peut oublier de se nourrir quand il est pris par son jeu). Recevoir, aider, être plus proche de mes proches, une meilleure prochaine pour mon prochain, aller à la rencontre de l'inconnu, élargir mon cercle d'amis sans perdre personne de vue. Être attentive au bien-être de mon corps, de ma tête et à mon équilibre émotionnel. Apprendre, découvrir, me souvenir. Gagner en profondeur et en surface. Lire, aller à des concerts, me nourrir de beauté, marcher en forêt, ramasser des châtaignes, connaître le nom des arbres et des champignons.
Tant de choses que j'aime, sans compter celles que je n'aime pas encore mais qui pourraient aussi m'aspirer…
Face à toutes ces envies, je tends à ressentir surtout la frustration de ne pouvoir tout vivre et tout faire, et à me sentir terriblement limitée, handicapée par ma tendance à la dispersion. 

Ce matin, dans la clémence d'une délicieuse lumière d'automne, dorée, généreuse, j'ai découvert que je pouvais aussi m'accorder ce luxe : me réjouir et me féliciter de ce que je fais, et des progrès déjà accomplis.
Après des années de découvert et d'encombrement, je me vois enfin parvenir à l'équilibre et à plus de simplicité.
Je fais tous les jours des choses que j'aime, je passe de plus en plus de temps avec des gens qui me font réellement du bien.


J'apprends à cuisiner de bonnes choses.
Tous les jours, j'apprends sans forcément m'en rendre compte. Un jour, je m'apercevrai du chemin parcouru : rien de sert de courir, mais il faut continuer à avancer.